Productrice entre la France et le Canada, Audrey Pacart est passionnée d’innovation. Qu’il s’agisse de projets (MARCO & POLO GO ROUND) ou d’événements (Tribeca Immersive, le KIF en France à la rentrée), elle s’investit aussi bien sur le volet narratif que la mise en place de co-productions internationales. Portrait d’une entrepreneuse XR.
De Montréal à l’Europe
Audrey Pacart – Je suis basée à Montréal, où initialement je dirigeais une des premières plateformes SVOD : TOU.TV, liée à Radio-Canada. Par différentes expériences professionnelles, ensuite, je me suis intéressée comme productrice à l’écriture, à la narration immersive – qu’il s’agisse de petit ou grand format. Ensuite j’ai découvert les technologies, la partie technique des nouveaux médias. J’ai fait partie de plusieurs jury, et petit à petit j’en suis arrivé au financement et à la production spécifique pour la réalité virtuelle.
A. P. – J’ai rencontré Benjamin Steiger Levine via l’une des agences avec laquelle je travaillais. A l’époque il réalisait des clips et des films institutionnels, mais avec l’idée de MARCO & POLO GO ROUND. C’était exactement ce que je souhaitais produire, en venant de la fiction et du cinéma avec un projet romantique, sensuel. Cela reste un territoire assez peu exploré dans l’immersif..
MARCO & POLO, une coproduction hybride
A. P. – On a discuté de la technologie après avoir développé l’histoire. Je viens des industries créatives traditionnelles, avec une vraie ambition narrative : le scénario de MARCO & POLO GO ROUND était tellement fort, visuel, avec la gravité et les sentiments. Il comportait déjà beaucoup d’éléments de base qui ont permis de cerner la façon dont on allait le réaliser, et la direction artistique. On voulait être au milieu de la scène, des comédiens. Donc avoir des comédiens à filmer, et choisir la motion capture. Et une forte envie d’un style visuel fort, ce qui nous a amené à choisir l’animation.
A. P. – Sur ce projet on a mis en place des pipelines très complexes. En VR on a des projets avec des moteurs de jeu, d’autres avec de l’animation, des studios de motion capture : chaque secteur a sa façon de faire, ses process. Ce côté hybride nous a pris 2 ans, le temps de réunir tout le monde et d’apprendre à travailler ensemble. Et en expérimentant ! Utiliser du motion capture et de l’animation, c’est aussi travailler la relation entre les deux pour conserver au maximum l’émotion de chaque performance.
A. P. – Au final, le budget a rapidement évolué à la hausse. On a eu la chance de trouver une coproduction avec la Belgique (grâce aux aides entre nos deux pays), avec Belga Productions et Zeste Studio pour la partie créative, et puis bien sûr l’équipe de Dpt. à Montréal qui a cru au projet dès le premier jour. Avec eux on s’est focalisé sur l’émotion, les mains des personnages. Chaque manipulation devait être anticipée, surtout avec l’apesanteur qui entrait en jeu. Le motion capture supposait de tout anticiper : on a dû construire la cuisine (le décor) en bois, au millimètre près, pour travailler chaque mouvement. Jusqu’aux moindres gestes pour les mains, on a pu travailler les détails pour rendre l’expérience convaincante.
A. P. – Une de nos inquiétudes, c’était la physicalité de l’action et notamment le regard des personnages. On y a passé le plus de temps, et ça semble fonctionner. L’animation a été un élément-clé pour que ça puisse fonctionner. Benjamin savait exactement ce qu’il voulait. Dans les références, sur notre direction artistique, il y avait David Hockney et ses peintures. C’est ce qui donne cet univers très coloré.
A. P. – On a plusieurs sélections en festival d’ores et déjà, avec une première à Tribeca. MARCO & POLO a été acheté par Diversion pour sa circulation, et Arte côté diffuseur.
Le KIF, un nouvel événement en France
A. P. – Alexandre (Michelin – voir son interview) m’a proposé d’encadrer un atelier de création muséale durant le KIF en septembre prochain. Notre focus cette année sera l’art japonais. Je vois ce qu’il se passe dans ces ateliers, qu’il s’agisse de l’Atelier Grand Nord au Canada ou d’autres. C’est un passage important pour créer du lien, accélérer les projets. Pour le KIF, je voulais que les musées soient présents. La région Grand-Est nous accompagne par ailleurs pour les inviter. Ils pourront découvrir 5 projets sélectionnés, et choisir d’en coproduire certains.
A. P. – On va challenger chaque projet à partir de fin août, trouver la synergie entre les productions et les lieux. Côté musées c’est passionnant, car certains vont s’associer pour produire des œuvres : les possibilités sont décuplées ! Avoir des commandes dès le départ de la production, c’est une opportunité unique.
Avoir son propre projet
A. P. – Je développe un projet de Davy et Kristin Mcguire dont je suis la productrice, qui est une coproduction entre la France, le Royaume-Uni (CreativeXR) et le Canada. Il s’agit d’une expérience LBE qui s’inspire de pop up book en papier revisitant une histoire de vampires. Le spectateur pourra vivre une expérience AR théâtrale grandeur nature autour d’un livre gigantesque, grâce à des tablettes ou téléphones. Avec un livre également, proposé en deux formats (classique et collector) pour le grand public.
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